Musée du sous-marin la Flore

Une création sur mesure pour le Musée du Sous-Marin La Flore

Le Musée du Sous-Marin La Flore a commandé à la compagnie Coppelius une création artistique sur mesure, conçue pour un lieu d’exception. Le projet avait pour ambition de proposer une immersion sensible et innovante au cœur de la Seconde Guerre mondiale, en évitant les formes classiques de théâtre. L’auteur et metteur en scène Grégory Foucher a relevé le défi de faire revivre l’histoire de la Poche de Lorient, un épisode méconnu et poignant du conflit. Ce spectacle, aujourd’hui disponible, s’appelle « Lorient sous les bombes« .

Le parti-pris artistique fut de s’éloigner des idéologies pour explorer la guerre à travers les regards de ceux qui l’ont vécue au quotidien. Le spectacle a donné la parole à trois figures symboliques : un couple de civils bretons sur les ruines de leur ville, un sous-marinier allemand confronté à la violence du combat, et une femme résistante dont le courage et la complexité ont souvent été oubliés par l’Histoire.

Pour porter ce récit, le metteur en scène a fait le choix audacieux de la marionnette. En créant des figures à taille humaine d’un hyperréalisme saisissant, les marionnettes ont permis d’instaurer un dialogue intime avec le public. L’expérience, jouée au cœur du musée et à l’intérieur même du sous-marin, a immergé les spectateurs dans l’histoire, créant un lien d’empathie puissant et inoubliable avec des voix aujourd’hui disparues.

La création de ce spectacle est le fruit d’un processus rigoureux d’écriture et de mise en scène, dont la phase finale a été la collaboration avec l’interprète et marionnettiste Camille Labarthe. Son expérience a été essentielle pour donner vie et voix à ces corps de poupées. Ensemble, ils ont affiné le texte et le jeu, pour adapter le propos aux possibilités des personnages.


Entretien avec l’auteur et metteur en scène, Grégory Foucher

Comment a démarré ce projet avec le Musée du Sous-Marin ?

C’était un vrai défi, et j’ai adoré l’idée. Le musée voulait quelque chose d’immersif, qui sorte de la simple lecture de témoignages, et j’ai tout de suite senti l’opportunité de proposer une création qui bousculait les codes. L’idée initiale était le théâtre d’ombres, mais ils étaient réticents à l’idée d’utiliser des marionnettes, qui leur paraissaient trop enfantines pour un sujet aussi sérieux. C’est là que je suis entré en jeu.

Vous avez choisi de croiser trois regards. Pourquoi ce parti-pris ?

Après une immersion sur place et une longue discussion avec les guides, spécialistes de ces questions, je me suis plongé dans les archives. J’ai voulu montrer la multiplicité des points de vue, ce que la guerre a été concrètement pour les gens. Mon but était de ne pas me placer du point de vue des idéologues, mais de celui des individus.

Cela m’a conduit à choisir trois perspectives : les civils sur les ruines de la ville, un sous-marinier allemand, un jeune homme enrôlé, une femme résistante, un personnage complexe qui a dû faire des choix difficiles.

La situation des femmes, grandes perdantes de tous les conflits, m’a semblé particulièrement pertinente. Leur participation à la résistance, souvent invisible, a été centrale.

Le choix des marionnettes était audacieux pour un tel sujet. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

C’est la forme idéale pour ce que je voulais raconter. La marionnette demande au spectateur de faire un pacte fictionnel très fort. C’est une sorte d’illusion consentie. Un comédien pourrait imposer sa présence, mais la marionnette, elle, propose. Elle est là, comme un corps qui porte des mots, et le public est libre de l’accepter, de l’animer par son imagination. J’ai l’habitude de dire que, dans ce domaine, le public fait 50 % du travail. Quand il cède à l’illusion, il se crée une très forte empathie. Cela a permis de toucher le public émotionnellement, de faire parler ces poupées pour des gens aujourd’hui disparus.

Comment le public a-t-il réagi à cette expérience ?

Les retours ont été très émouvants. Le spectacle a attiré des curieux, des passionnés d’histoire, mais aussi d’anciens sous-mariniers. Il y a eu des rires dans les moments de légèreté, mais aussi beaucoup de larmes. Ces mots, arrachés à l’histoire, ont fait écho aux conflits actuels. Les spectateurs ont été profondément touchés, notamment lorsque les personnages se sont adressés à eux, les faisant se reconnecter à leur propre histoire, à leur enfance. C’est la plus belle réussite du projet.

Aujourd’hui ce spectacle, co-produit avec le Musée du Sous-Marin La Flore, est proposé à destination d’autres musées, d’événements commémoratifs ou encore de scolaires.